mercredi 14 septembre 2016

L'ÉTÉ PAS DANGEREUX

SAINT SEBASTIEN

Nous devions donc tous nous rendre à San Seb, comme des moutons, parce que Tomas y toréait. Saint Tomas devrais je dire. A titre personnel j’ai déjà vu toréer Tomas à 4 reprises à 3 moments différents de sa carrière (1ére époque alternative/ époque du retour/ époque post Navigante) dont la fois où il a repoussé les limites de la perfection lors de son action solitaire à Nîmes. Alors à vrai dire je ne venais pas à San Seb pour lui, j’avais un projet plus secret et plus beau par les temps qui courent: Enrique Ponce. Au top depuis 26 ans le maestro de Chiva est actuellement au zénith depuis un an. Son classicisme et son élégance atteignent des cimes chaque soir et je ne suis plus assez fort pour y vouloir resister. Je décidais donc de m’abandonner totalement à lui cette année. On me dit qu’il fait sa routine devant des adversaires commodes sans forces? Pas entièrement faux, mais son numéro est plus beau et mieux exécuté que les autres qui eux aussi toréent les mêmes toros… Et puis je l’ai vu donner des caresses de muleta à un Puerto de San Lorenzo de 620kg pendant la San Isidro, devant moi au soleil. D’autres ne l’ont pas fait… En plus il élargit la création avec ses faenas à pleurer sur du Morricone et on l’a même vu toréer en smoking cette année à Istres. Honnêtement, il écrabouille la temporada 2016 de son immense talent! 
Dans cette ville absolument non taurine, ils ont construit des arènes en haut d’une colline loin du centre ville, le genre de lieu inaccessible. L’arène couverte ressemble à une soucoupe volante ou à une salle de NBA. En ce week end du 15 aout, la soucoupe volante attend donc l’extra terrestre Tomas. Après un périple en bus sous la canicule et une petite marche au contact de l’asphalte en fusion j’arrive donc en ce 12 aout aux taquillas des arènes. Le message est d’emblée clair: IL N’Y A PAS DE PLACES POUR LE 14, c’est à dire la corrida de Tomas. J’embarque quand même des places pour le 15 et le 16.
Saint Sébastien est une très belle ville. Avec ses grandes avenues, ses immeubles bourgeois majestueux et baroques aux fascinantes tourelles d’observations, son charmant petit quartier basque et sa magnifique plage en forme de coquille, la Kontxa (les indépendantistes ont pris la mairie, tout est en basque maintenant) avec une petite île rocher au milieu. Exquis. De plus, au niveau gastronomique c’est une tuerie avec toutes ses montagnes de pintxos qui inondent les bars de la ville. On peut même y boire un excellent gimlet à la cocktelleria Dickens. Le bonheur en somme. 
Le samedi c’est l’ouverture de la Semana Grande. Je m’attendais à un truc énorme et ça ne l’est pas du tout en fait. Une petite cérémonie avec un coup de canon devant la mairie ouvre les festivités suivie d’un défilé de gigantes. On n’est pas à Pampelune. Et le soir c’est feux d’artifices sur la plage. 
Le dimanche, Tomas est en ville. Même si je ne suis pas venu pour lui, la pression monte à San Seb. Juan Carlos et sa fille ont fait le déplacement. Ma chambre d’hostal est complétée par 3 aficionados sévillans et 2 valencians. Eux, ils n’ont pas fait comme moi, ils se sont abonnés. Donc ils vont voir toutes les corridas du cycle pour être sûr de voir Tomas. Tomas tue le marché, il m’énerverait presque… Mais je l’ai tellement aimé de la fin des années 90 jusqu’à l’apothéose du 15 septembre 2012 à Nîmes. Cet abandon paroxystique de sois même, cette pureté… Bref, je décide d’aller aux arènes sans billet. Toutes les arènes du monde sont des repères à revendeurs de places. Alors me voici, sous le cagnard, à tourner autour des arènes en ce dimanche 14 aout. Me croiriez vous si je vous disais qu’aucun revendeur n’est venu à ma rencontre? Et bien c’est pourtant le cas. L’ambiance est particulièrement bizarre. Des tas de gens se tournent autour, se jaugent du regard, dans un surréaliste ballet silencieux. C’est carrément comique car nous avons ici de sacrés tronches en présence dont la mienne je dois bien l’avouer! On sent que c’est là, à cet endroit que quelqu’un pourrait dégainer une place à vendre. Mais pourquoi diable personne ne parle? Je n’avais jamais vu ça. Là, une place à 50 aux derniers rangs! Je me positionne dessus mais il l’a déjà promise au type d’avant. C’était l’aubaine rare et je l’ai laissé passé. Il y aura bien cette rumeur vers 18h de la fille qui en vend une à 150 mais là faut pas déconner ça fait trop cher! Tout le monde est désormais dans l’arène et en ayant marre je vais me boire une bière à la buvette désormais complètement vide. L’histoire retiendra qu’El Juli a coupé plus d’oreilles que Tomas.
Le lendemain, c’est le 15 aout, le jour idéal pour aller aux arènes, le jour fait pour ça devrais je ajouter. Quand je pense que j’ai passé des 15 aout sous la pluie à Paris. Cet aprém en plus, nous avons du lourd au programme: Castella, Talavante et Roca Rey. Ca fait toujours bizarre de se retrouver dans cette arène d’Illumbe qui ressemble plus à une salle de sport. Et bien tout ceci va vite tourner à la pantalonnade. Les toros de Zalduendo sont de grosses limaces faibles qui n’avancent pas. Castella fait des passes sans queue ni tête dans un coin et le toro passe ailleurs… Mais le public semble apprécier. Honnêtement, la 1ere faena du biterrois, que j’aime bien, je l’ai trouvé dégueulasse, affreuse. Heureusement que le 2ème meilleur torero de l’année enchaine derrière, Talavante. Malheureusement son adversaire est d’une grande faiblesse mais c’est à lui seul qu’on doit les muletazos les plus intéressants de la journée. Même si le rookie joufflu péruvien fait toujours plaisir à voir avec son jeu de cape fleuri et ses prises de risques démoniaques, le voilà d’ailleurs avec la corne du toro « posée » contre sa poitrine. Mais à part ça, RAS dans le talweg. Oh bien sûr, des tas d’oreilles ont du tomber du palco, demandées par une foule en plein délire mais il faut bien avouer que c’était une tarde de mierda! J’ai même eu le temps de repérer Serge Blanco et son ventre avec des amis dans les gradins. Ca ira mieux demain. Ben non en fait. 2 toros calamiteux pour mon Ponce qui ne pourra rien faire et ne triomphera donc pas pour la 1ére fois en 2 mois. La malédiction me dis je! En fait, la tauromachie est juste un spectacle raté huit fois sur dix. Manzanares est quand même toujours l’homme le plus beau et le mieux éduqué d’Espagne et un Lopez Simon sans âme arrachera 2 mystérieuses oreilles à mes yeux. Bye bye San Sebastian et si je reviens ça ne sera pas pour tes corridas (j’en ai marre de ces longs trajets de bus où les gens font la queue avant de monter dedans, où personne ne resquille même quand on se prend un orage sur la gueule!) mais pour cet invraisemblablement bon pintxo de magret à 5€.

MALAGA

Malaga, Afrique. On aura beau me dire que Malaga se trouve en Europe, je peux vous affirmer que c’est bien l’air du Sahara que j’y ai respiré lors de mon séjour. 
Après une traversée de toute l’Espagne de nord en sud dans des bus confortables et climatisés, équipés du wifi, faisant étape dans d’hallucinantes gares routières, immenses et modernes (pourquoi n’avons nous pas ça en France?) j’arrivais enfin dans la fournaise andalouse. 
40°. A l’ombre. On a beau être au bord de la mer, rien n’y fait. Je prenais possession de mon Airbnb. La femme qui m’hébergeait n’est jamais venu, je ne sais pas où elle était, elle ne me donnera pas de nouvelles. Bref, je jouissais d’un appartement dans Malaga pour moi tout seul pendant 5 jours. J’aurais pu inviter des filles et organiser des fêtes mais je ne l’ai pas fait, je suis un type respectueux en fait! Car cet appart était surtout impossible à rafraichir et le ventilo ne marchait pas. Ma 1ère action dans la ville natale de Picasso fût donc d’aller acheter un short (sic). Quand vous en êtes rendu à ce point c’est qu’il fait vraiment chaud. Pour me rendre au H&M j’ai traversé la ville et j’ai pu déjà constater que Malaga n’usurpait pas sa réputation. C’est  bien une ville moche et sale. J’ai aussi pu constater soudainement en passant une frontière virtuelle que c’était la féria et que la féria de Malaga ça n’est pas rien.
Soudain je repense à ces quelques basques français que j'ai croisé au cours de ma vie et qui m'affirmaient sans sourciller que les fêtes de Bayonne étaient la 4ème ou 5ème plus grande fête du monde...Lol. Une traversée de 10 minutes de Malaga me permet de constater que la feria de Malaga est une plus grosse fête bien qu'elle ne soit pas vraiment connue. Alors avec tous les carnavals ou autres fiestas dans les mégapoles d’Amérique du Sud, un bled comme Bayonne ne fait pas le poids! La feria de Malaga est une gigantesque beuverie en centre ville. À tel point que mes chaussures collaient au sol! Il était parfois difficile d'avancer dans la foule et avec les pieds collés au sol! Comme chaque ville, chaque fête à sa particularité et à Malaga on l'a remarque vite: tout le monde boit la même boisson! Le mystérieux Cartojal, à la fois marque et boisson. Jamais entendu parler de ce truc avant. La ville est recouverte de pub de cette marque et tout le monde a sa bouteille à la main dans la rue. Ca ressemble à du vin blanc dans une bouteille en verre de 50cl environ mais on ne le boit pas à la bouteille. Chaque buveur malagueño dispose d'un petit verre en plastique fushia à l'effigie de Cartojal et celui qui a la bouteille rempli les verres. Et toute la ville se saoule comme ça. 
Malaga s'avère somme toute une déception à tous les niveaux (les choses sont chers et même la bodega historique El pimpi est décevante même si Sean Connery a eu l'air de bien s'y amuser jadis) mais regorge de quelques pépites. Son imposante cathédrale inachevée, sa promenade réaménagée le long du port, ses musées, la maison natale de Picasso, son théâtre antique et ses jolies arènes de la fin du XIXÈME siècle. D'ailleurs dans la maison de Picasso ils ont agrandi une grande photo d'un lors d’un paseo dans ces arènes de la Malagueta de la fin du XIXÈME, l'époque où Jose Ruiz Blasco y emmenait son fils, le petit Pablo Diego José Francisco de Paula Juan Nepomuceno María de los Remedios Crispín Cipriano de la Santísima Trinidad Ruiz y Picasso. Oui, c'est son nom officiel! En tout cas sur cette photo je constatais que les arènes n'avaient pas changées en 130 ans. Je reconnaissais exactement le poteau contre lequel et à l'ombre duquel j'avais passé ma soirée du 19 août. 
En ce 19 août caniculaire je ne trouvais en effet pas plus judicieuse idée que d'acheter une place au soleil. Mais attention, pas n'importe quelle place, une place en barrera à 40€. Impossible de laisser passer une telle aubaine même si à peine entré dans l'arène on se dit qu'on a fait une connerie car il fait vraiment trop chaud! J'avais quand même pris soin d'acheter un chapeau de paille à 3€ à un marchant ambulant devant la cathédrale. En fait c'était une bonne idée car les planches de la barrière vous font de l'ombre et le poteau de pierre centenaire contre lequel j'étais, aussi. Et puis l'ombre arrive vite mais pendant une heure c'est contre jour absolu! J'arrive quand même à remarquer qu'il y a du monde au balcon. La présidente blonde porte un décolleté qui met en valeur son opulente poitrine... Hallucinais je face au soleil de plomb? Je ne crois pas.
Ma place est particulièrement stratégique. Le toril, la sortie des toros est juste à ma gauche et juste à ma droite c'est le couloir qui mène les toros morts entre les mains des bouchers. Âme sensible s'abstenir mais j’aime les carcasses bovines, c'est mon côté Rocky Balboa - Soutine! 
Ce soir là au cartel nous avions, Ponce, Manzanares et le petit fils playboy d'Ordoñez, Cayetano. Je n'avais évidemment d'yeux que pour Enrique. Le 1er toro est pour lui et c'est encore une carne... Je commençais à être résigné. Ponce doit couper en moyenne 1,5 oreille à chaque toro cette année et sur ses 3 derniers toros c'est un zéro pointé! Mais les toros vont aller de mieux en mieux à l'image de l'excellente saison des Victoriano del Rio l’élevage de ce soir. Ils sont nobles et tiennent debout. Jean Marie Pommeray s'en sort pas mal. Puis celui qu'on n'attendait pas du tout ce soir, Cayetano, nous a sorti un improbable show. Ses 2 toros étaient mobiles et il en a profité, citant de loin, avec allégresse et toreria, on lui pardonnait ses défauts techniques. Il est bien meilleur que son frangin, piètre torero et habitué comme lui des tabloïds ibères. 1 oreille avec forte pétition mais madame la présidente est restée ferme. Puis Ponce revient et enfin je le vois toréer un adversaire certes faible mais noble avec toute sa classe et sa science. 1 oreille. Pendant son tour d'honneur je lui lance mon chapeau. Ponce, mon chapeau, mon chapeau, Ponce, un seul mètre les sépare... Mais c'est son peon qui se chargera de la vulgaire tâche de me le rendre. Si près du but. 
Puis Cayetano revient toujours déchaîné, à genoux, son fan club en ébullition. Déclenchant même un chant flamenco dans les gradins. 1 dernière oreille bien méritée 
Le lendemain direction le musée Picasso climatisé pendant plus de 2 heures. C'est une belle surprise, c'est un très beau petit musée avec une dizaine de perles rares de très haut niveau du génie local. Puis je commets l'erreur stratégique de ne pas repasser à l'appart. Il fait encore plus chaud que la veille. J'erre dans la fournaise sans but précis. Je trouve un bar bondé, le centre Pompidou n'a pas de banc pour s'asseoir dans le hall (seul musée au monde comme ça je pense) et ne permet l'accès à sa boutique que contre un billet gratuit délivrée aux caisses (sic) (sic) (sic).
J'arrive donc aux arènes fatigué et déshydraté. En plein délire inconscient j'achète une place au soleil (c’est quand même moins cher, hein). Et là en allant m'asseoir à ma place je me rends compte de ma monumentale connerie. Pas de barrière et poteau pour me protéger aujourd'hui, car je suis plus haut, juste la paroxystique réverbération de la peinture blanche qui recouvre les gradins. Une petite bouteille d'eau me sauve momentanément la vie mais pour combien de temps? À côté, un type chelou veut casser des gueules. Je dois rentrer à l'ombre m'asperger d'eau pour survivre mais, trop tard, il va entrer en piste dans 3 minutes. Qui? Morante. Le fantasque torero sevillan, le dernier des dandy, l'escroc romantique. Au vu de sa catastrophique temporada et de ses cachets astronomiques il va se faire très rare les prochaines années. Je ne puis donc pas le rater, je puise dans mes réserves. Et Morante fut plus que bon, excellent ou génial, il fut Morantesque! Son 1er toro lui a paru trop fougueux alors il a laissé son picador le châtier comme il faut. 4 piques, oui, 4 piques a un toro qui n'en supporterait à peine que 2. De la belle ouvrage charcutière. Puis Morante réhabilite la tauromachie à l'ancienne: pas de faena, on passe tout de suite à la mise à mort. Génial me dis-je, je peux aller prendre une douche dans le lavabo des toilettes. Pendant ce temps là, Morante essayait de tuer laborieusement son toro. Il y réussi. Sifflets. Talavante lui nous a fait du Talavante 2016. Originalité, créativité, domination technique, douceur,  l'homme au menton fait vraiment plaisir à voir cette année, il est au top. Tout le contraire de Perrera, un pantin qui torré de profil sans donner aucune émotion. L'ombre arriva enfin sur les gradins du soleil, je descendis au 3ème rang et Morante refit son apparition. Il était bien, il lia quelques muletazos profonds dont il a le secret et tout de suite quelques Olé andalous se font entendre dans la plaza, ces Olés fous qui surgissent brusquement pour un détail, pour un imperceptible et soudain surgissement d’ « arte ». Je dois avouer que la faena de Morante est belle, précise, courte. Il faut maintenant tuer. Morante ne sait plus le faire. Il a encore écouter les 3 avis ici même 2 jours auparavant. Il place son toro pour l’estocade mais il n’y arrive pas. Tous les deux, lls vont faire un demi tour d’arène le long des planches pendant de longues minutes. Morante n’arrive pas à déclencher son estocade. 1 avis sonne puis deux. Il est totalement impuissant, il a peur. Il est pathétique. Il est maintenant devant moi avec le descabello. Il est beau, il a le regard mélancolique, il est bouleversant. Son toro tombe tant bien que mal. Sifflets et applaudissements se font entendre. Talavante coupera une oreille puis Morante sortira sous une énorme bronca, les « fuera » fusant. Tel Picasso, je pouvais quitter Malaga pour toujours.   

RONDA - ALMERIA

Pour le touristo-cinéphile-aficionado que je suis, impossible de ne pas faire le pèlerinage à Ronda quand on est à Malaga. Ronda, la cité andalouse de carte postale sur son piton rocheux. Une vraie ville taurine avec ses dynasties de toreros mythiques et ses sublimes arènes du XVIIIéme siècle. C'est aussi à Ronda que les cendres d'Orson Welles reposent pour l'éternité, dispersées dans la finca du grand matador Antonio Ordoñez. 
Ronda est une petite ville magnifique. Orson Welles a du goût parce qu'on se sent bien ici et on y passerait bien plus de temps. J'avais pris mes quartiers chez Jose Ramon par l'intermédiaire de Airbnb. A un prix indécent de bassesse je résidais donc dans un grand appartement en plein cœur de Ronda. JR m’accueillit en uniforme fluorescent d’employé municipal chargé du nettoyage de la ville. J’étais encore plus surprit en entrant dans son appartement aux 3 chambres, salon, cour intérieure, le tout nickel chrome. En cadeau de bienvenu il m’offrit un verre de son gazpacho fait maison. Très bon et meilleur qu’au Pimpi. J’imaginais qui pourrait se payer un appartement équivalent de ce standing de 100m2 à Paris? Certainement pas un employé municipal!! La qualité de vie de Jose Ramon me faisait halluciner. Un mini robot aspirateur rond autonome se déplaçait dans tout l’appartement ne laissant plus aucune poussière à l’horizon. En tout cas Jose ne semblait pas travailler l’aprés midi… Après son repas et la sieste il est parti faire du vélo. Manquerait plus que sa femme ressemble à Pénélope Cruz et c’est pourtant ce que semblait indiquer une photo dans un cadre. J’imaginais les loyers de Ronda en rêvant bien que JR me dit trouver la vie ennuyeuse à Ronda… En tout cas j’avais trouvé un plan Airbnb de rêve!
Le lendemain, petit tour au campo dans la finca voisine de celle d’Antonio Ordoñez organisé par l’office du tourisme. Peut être la brise des hauteurs a t-elle portée sur moi quelques cendres de Welles? En tout cas là encore on avait affaire à une histoire originale. Un ancien architecte ayant gagné beaucoup d’argent dans la folie immobilière de l’Espagne a décidé de tout plaquer et de vivre de sa passion en montant un élevage de toros de combat et en devenant torero. Rafael Tejada est son nom. Je n’avais jamais entendu parler de lui avant car ce n’est pas une figura, il torée peu et son élevage Reservatauro est jeune. Mais en tout cas il a du terrain et des bêtes. Des chevaux et une petite arène. On a eu la chance de le voir et on a pu lui serrer la paluche! On a aussi testé les capes et les muletas qui m’ont semblées peser plusieurs kilos! 
C'était bien joli tout ça mais ça faisait 5 jours que je n'avais pas vu Enrique Ponce toréer. Son site internet l'annonçait le 25 à Almeria. Almeria, un nom qui résonnait bizarrement dans ma tête scandé par Serge Gainsbourg à la fin de sa plus belle chanson. Almeria m'évoquait aussi le désert des films de Sergio Leone, Tuco déshydraté sur son cheval ou une quelconque destination touristique pour allemands… Après une petite recherche sur internet, Almeria s'avérait être une grande ville, un port sur la Méditerranée avec de très jolies arènes de la fin du XIXÈME. Il ne m'en fallait pas plus pour en faire ma prochaine destination. Alméria est une grande ville en terme de superficie et c’est globalement assez moche. Rien à voir et sa féria est de plus inexistante. Heureusement que les arènes sont charmantes. L’aficionado almerien est content d’aller aux arènes, il vient y prendre du plaisir. Capes de paseo suspendus aux balcons, femmes en habit andalou, fleur dans les cheveux donnent une note encore plus colorée aux arènes. Je suis au 3éme rang au soleil, tout va bien d’autant plus que des nuages nous protègent. Après un intermède hippique, c’était une corrida mixte avec la présence du centaure de Navarre, Pablo Hermoso de Mendoza_mais celui qui fut si grand il y a 20 ans ne m’inspire plus qu’ennui, où est passé son génie d’antan?_ Enrique Ponce entrait en piste. Face aux gentils, légers (entre 450 et 480), nobles et mobiles toros monopiques de Daniel Ruiz, lui et David Mora allaient s’en donner à coeur joie dans une tarde de allegria. C’est sûr que ce n’était pas une corrida qui mettait en valeur le premier tiers. Mais au 3ème, quel régal avec le maestro Ponce qui a pu montrer toute son ahurissante classe et expérience. Il ne fallait pas bouder son plaisir à l’image du public d’Alméria qui scandait MUSICA avec insistance dès les 1eres passes de chaque faenas. Et la musique joua tout au long de l’aprés midi des paso dobles enjoués. Les moniletes, les redondos, les derechazos mains basses, muy « despacito y a compas », les génuflexions, les cecis, les celas… Bref, tout l’art de Ponce dans son éclatante beauté classique. Magique. Quel homme magnifique. Ce qui est fou c’est que quand j’étais jeune et que j’allais le voir il ne me touchait pas, je le trouvais trop forcé mais cette année, je n’aime personne autant que lui. Roca Rey ayant pris cher à Malaga quelques jours auparavant c’est David Mora qui l’a remplacé. Quelle chance. Après avoir eu la chance d’assister à sa grande faena électrique madrilène (certains vieux ont eu comme des orgasmes sur les gradins) j’étais content de le revoir. Parce qu’avec Mora, c’est la tauromachie de verdad à l’état pur. Il torée de face, croisé, sans concession et le toro passe au plus prés. Je me souviens l’avoir vu pour la première fois il y a longtemps à Pampelune. Il portait un costume blanc et avait attendu le toro à genoux à la sortie du toril. Erreur, celui ci avait foncé tout droit et envoyé valdinguer Mora dans les airs qui flottait les jambes en l’air et la tête en bas comme un pantin désarticulé. C’était notre première rencontre et je croyais qu’il était mort. Et puis il faut l’avouer, avec son physique à la Gary Cooper, ce type est génial! 2 estocades chirurgicales téléguidées au ralenti dans la croix. 3 oreilles sacrément mérités. Entre-temps nous avons eu droit à une coutume locale que je découvris: la mi-temps entre le 3éme et le 4éme toro. Douze bonnes minutes pour que le public almérien puisse déguster ses sandwichs tranquillement. Un côté Pampelune du sud en beaucoup plus propre quand même. Les almeriens vont en effet aux arènes avec de quoi se sustenter et s’hydrater ce qui fait que les buvettes sont les seules buvettes d’arènes au monde vides: étonnant! 
Lors de son 1er tour d’honneur, David Mora envoya l’oreille du toro à un garçon devant moi. C’est gros une oreille de toro! Le garçon était trop content, il l’a fait toucher à tout le monde. Certains faisaient des selfies avec l’oreille! Puis il l’a mise dans un sac plastique qui finira certainement dans son congélateur pour de longues années. Du fétichisme poussé assez loin.
Le lendemain, en allant prendre mon bus pour Grenade à la gare, un panneau indique que Sergio Leone a posé sa caméra ici même pour tourner une scène d’Il était une fois la révolution. Ca n’est pas rien.

GRENADE - LINARES

Désormais une date se profilait à mon horizon, une petite folie pour une date et un lieu mythique. Linares le 28 aout. Et puis je n’avais pas vu depuis longtemps ce torero que j’aime tant, si rare ces dernières années et qui est en train de faire une énorme saison et qui plus est régional de l’étape: Curro Diaz, l’homme au poignet de cristal. Je pouvais faire d’une pierre deux coups, tout ce que j’aime.
Sur la route entre Almeria et Linares Grenade s'est imposé comme une étape naturelle. J'ai eu la chance d'y trouver un fabuleux logement Airbnb dans le quartier hors du temps de l'Albaicin, cette colline pittoresque classée à l'Unesco avec ses micro ruelles et ses vieilles maisons blanches de style arabo andalou qui surplombe Grenade, pile poil en face de l'Alhambra. Difficile de faire mieux. Je logeais dans la maison de Paula, brésilienne, et Neil, danois. Sur 3 étages avec la terrasse sur le toit et sa vue imprenable sur l'Alhambra. Ma petite chambre donnais sur une micro ruelle et je pouvais dormir la fenêtre ouverte pour faire entrer l'air frais des nuits grenadines. On était proche du paradis. Et le samedi soir nous bûmes quelques Alhambra (la bière locale!) sur la terrasse avec un ami danois de Neil. Seul bémol à Grenade, la nourriture. Les spaghettis bolognaises semblaient y être la spécialité locale et même les plats classiques espagnols étaient moins bons et bien plus chers qu'ailleurs.
Mais ce répit de paisibilité et de douceur était de courte durée. Mon pèlerinage à Linares m'attendait.
Il faut quand même le vouloir aller à Linares et quand on se renseigne tout le monde vous regarde avec de grands yeux écarquillés. La solution c'était Grenade-Jaen en bus puis Jaen- une gare au milieu de nulle part en train puis taxi sachant que sur le parking de la gare il n'y a pas de taxi! De plus ce jour là à Linares il faisait la sympathique température de 39°. A l’ombre. Mais quel beau périple traversant des collines d'oliviers à perte de vue.
J'arrive enfin à arriver tant bien que mal à mon hôtel qui sera le logement le plus cher de mon séjour. Je me rends compte dans le hall que c'est le site du plus important tournoi d'échecs au monde. Il faut bien l'avouer, la réputation négative que traine Linares est sévère. C'est une petite ville de province certes, mais entourée de champs d'oliviers à perte de vue, c'est une ville propre avec un grand paseo à l'espagnole, de beaux bancs en azuléjos et un El corte ingles qui impose le respect. Et puis il y a les arènes de 1866, celles là mêmes où Manolete se fit encorner fatalement par Islero en 1947, le 28 août. En souvenir on trouve un joli buste de Manolete dans le parc attenant aux arènes. Ces arènes où je me rends donc, après une bonne douche froide, 69 ans jours pour jours après la blessure fatale du monstre de Cordoue. Pour cette corrida hommage nous avons donc au cartel, Curro Diaz, Manzanares et Talavante. Une putain d'affiche!
L'arène, à moitié vide, observa une minute de silence et la sonnerie aux morts retenti après le paseo. J'avais encore pris une place au soleil mais je pu descendre au 3ème rang juste derrière la pique. Un emplacement parfait. J'ai pu assister avec plaisir toute la soirée aux conversations entre matadors durant la pique. J'étais juste derrière et les 2 qui ne participent pas n'arrêtent pas de se parler, c'est assez drôle. Ces toros légers de Luis Algara furent du petit lait pour Curro Diaz qui avait combattu 2 corridas de Victorino Martin dans la semaine! Il nous régala de sa classe et de sa toreria, heureux qu'il était de toréer devant ses supporters et amis. Une tauromachie avec beaucoup de temple et collé au toro terminé par des estocades parfaites initiées l'épée vers le ciel. Quel talent! 3 merveilleuses oreilles pour Curro Diaz. Je tiens ce type pour l’un des 3 meilleurs toreros du monde actuellement.
Ce bon vieux Talavante est dans la place et ça, ça fait toujours plaisir. Ce taquin gardera quand même sa meilleur faena du mois en réserve pour le lendemain à Colmenar Viejo face à un improbable et excellent toro de réserve. J'aurais pu y être mais l'interminable distance entre la gare de Colmenar et ses arènes ainsi que la énième substitution de Roca Rey m'en dissuaderont. Erreur. Il coupera quand même la bagatelle de 2 oreilles ce soir lui assurant la sortie par la puerta grande de l'arène maudite. Quand à Manzanares, il fit une faena technique a mas à son 1er gratifié d'une oreille méritée mais son second adversaire ne lui laissa aucune option. On sent quand même que Manzanares, sosie de Marlon Brando jeune, mannequin Armani, richissime, ne se joue pas la vie autant que les autres et qu'il ne va pas prendre trop de risques non plus. Déjà, sa muleta est plus grande que les autres toreros... Mais je l'aime quand même pour sa gentillesse et toutes ses belles choses qu'il m'a montré à Nîmes, Seville et Madrid. Car quand il s'accorde avec un toro, c'est difficile de toréer avec plus de sentimiento et de suavidad que lui!
Le soir, après la corrida, je dois m'apercevoir que la feria de Linares est une chimère. Je rentre donc à l'hôtel assez tôt. Une fourgonnette est garée devant, les portes en s'ont ouvertes, des malles, des capes, c'est le van d'un torero. Il est écrit Jose Maria Manzanares sur l'une d'elles. Bon sang, Manzanares dort dans le même hôtel que moi! Oui, l’homme le plus beau du Royaume d’Espagne et votre humble serviteur ont réservés à l'hôtel Anibal la même nuit!! J'attends dans le hall car il pourrait en fait reprendre la route après s'être changé. Les toreros voyagent la nuit, comme des ombres, comme des apparences. C'est d'ailleurs ce que pensent une petite poignée de fans qui attendent dans le hall et devant l'hôtel. Un sosie de Curro Diaz en pantalon blanc passe devant moi mais impossible de certifier que c'est bien lui car je ne l'ai jamais vu en civil! 2 très charmantes groupies écrivent un mot à l'adresse de Manzanares sur le comptoir de la réception et le glisse dans une enveloppe. Elles quittent l'hôtel. Je me demande si les toreros couchent avec leurs groupies... Je pense à Led Zeppelin et Luis Miguel Dominguin le torero séducteur absolu qui justement était à Linares le 28 août 1947. Il n'a pas que séduit Lucia Bose, Ava Gardner et Rita Hayworth, il a aussi vu Manolete mourir. Fatigué, j'allais me coucher. Le lendemain matin en partant, la camionnette de Manzanares n'était plus là.

PALENCIA

Je repassais dans la partie nord de l'Espagne, celle où l'on prononce le S à la fin de gracias et de vamos, direction Palencia. Palencia? Oui, Palencia. Est ce ma faute moi si Enrique Ponce avait décidé d'aller y toréer ce 31 août? Pas des masses de hipsters à Palencia mais cette petite ville de Castilla y Léon a son charme. On dirait Niort en Espagne quoi. En plus Palencia compète sérieusement pour le meilleur rapport ciudad-qualité-prix d'Europe! Le deal là bas c'est un tapa + une boisson = 2,50€. Pour 7,50€ vous avez donc bien mangé et très bien bu, en plus les tapas sont pas degueus! D'autant plus pendant la feria où l'on y fait des concours, de tapas. La feria battait son plein et c'était la ville que j'avais choisi pour voir Ponce une dernière fois en 2016. Ponce, la colonne vertébrale de mon voyage. Dans la plénitude absolue de son art, je craignais qu'il prenne sa retraite à la fin de la saison après avoir été au top pendant 25 ans, soit une carrière longue pour un torero. Marié, père de 2 jeunes filles et probablement richissime, qu'irait il foutre encore dans cette galère? Pourtant, un des jeunes aficionados sévillans de ma chambrée donostiera m'avait sorti cette phrase mystérieuse: "tu le reverras encore l'an prochain Ponce, il a besoin d'argent suite à une escroquerie." Je n'en saurais pas plus... Dans le doute j'avais préféré faire étape à Palencia pour ne pas rater une dernière leçon de toreo du maestro de Chiva.
Les arènes de Palencia, à l'image de la plupart des arènes du nord de l'Espagne, datent de la fin du XXÈME siècle et sont donc assez moches et éloignées du centre. Mais cet amphithéâtre de béton de 10000 places est pratique. À Palencia, j'avais décidé d'aller attendre les toreros arriver aux arènes. Je devrais le faire plus souvent car c'est vraiment un lieu où la passion se vit le plus intensément. Les toreros arrivent aux arènes en fourgonnette 10 à 15 minutes avant les hostilités. Ils descendent de leur van une vingtaine de mètres avant la porte des cuadrillas (l'entrée des artistes) qu'ils parcourent assaillis par leurs fans qui veulent tous faire des photos avec eux ou leur faire signer des autographes. Il faut quand même se dire qu'à ce moment là les toreros ont le trac. Ca les distrait peut être. Les membres des cuadrillas arrivent aussi par le même endroit ce qui fait une grosse mêlée. Il y a pas mal de jeunes ici et c'est rassurant. Paco Ureña aime ce moment et le fait durer en arrivant plus tôt aux arènes. Ponce a le visage plutôt fermé mais n'en demeure pas moins impérial. Talavante lui n'aime pas trop ça et s'est engouffré vite fait derrière lui. Au 1er toro du Pilar, Ponce fait de belles choses mais ce n'est pas un de ces sommets dont j'étais en quête. En plus une affreuse musique martiale l'accompagne. L'aficionado palencien exige la musique des la 1ère passe de muleta. À son 2ème toro ça partait mal, le manso rechignait au combat mais ce diable de Ponce réussi à arracher passes par passes sans jamais rompre, puis de superbes séries enchaînées jusqu'aux génuflexions finales faisant rugir de plaisir les gradins. Rien ne lui résiste. Malheureusement il tuera en deux fois et les trophées s'envoleront. C’est donc ce bon vieux Paco Ureña qui décrocha la timbale ce soir là. Le torero qui dandine du cul et au sourire du Joker était déchainé! Il nous a régalé à la cape puis à la muleta, à genoux, debout, de loin, croisé, de la main gauche, bref tout y est passé avec allégresse. Et le tout ponctué de bonnes estocades. Deux fois une oreille pour Ureña qui n’avait pas volé sa sortie par la puerta grande. Paco, c’est le torero qui monte en ce moment.
Assoiffé, comme toujours après avoir passé une bonne heure en plein soleil, j'allais boire une bière au bar en sortant des arènes. Mon sympathique voisin de bar parlait français. Il me montra du doigt une colline au bout de la rue surplombée par une gigantesque statue du Christ. Il me dit que c’était la 2éme plus grande du monde après le Corcovado de Rio. Il se demandait aussi ce que je foutais à Palencia et je lui répondit que j’étais venu voir Ponce. Sa réponse sans appel et spontanée fût: « Ponce est oune merde, c’est oune merde! ». Il avait probablement confondu avec Talavante qui était, exceptionnellement et entre deux grandes performances, de mauvaise humeur. Il avait d’ailleurs expédié son 2éme toro d’une estocade sale sans même faire de faena. Grosse bronca pour Talavante qui avait du croiser un chat noir ou un curé en soutane sur le chemin des arènes.
Je rentrais en ville au rythme des cuivres en suivant la bonne douzaine de peñas qui sortait des arènes. 
Je ne devais rester qu’une nuit à Palencia mais mon hôtel était tellement peu cher et confortable et comme on annonçait aussi le retour du fils de la revanche du comme back du prodige péruvien Roca Rey le lendemain, dix jours après sa grosse rouste de Malaga, je décidais de rester une nuit supplémentaire. 
Ce 1er septembre marquait donc le grand retour de Roca Rey, la tornade de la saison. J’étais encore allé attendre les toreros arriver. Il y avait une sacré effervescence autour du péruvien provocant cette scène surréaliste devant moi d’une adolescente prise en photo avec Lopez Simon par son père avec celui ci qui hurlait « Roca Rey, Roca Rey »! La fille avait honte pour lui. Mais Roca était pressé de toutes parts par les fans en délire. Le 3éme larron était El Juli, toujours très populaire mais aussi sérieux.
Cette corrida ne s’est, évidemment, pas passé comme prévu. El Juli, en pré-retraite, expédia son 1er adversaire. Lopez Simon, comme souvent cette année, fut assez insipide avec une tauromachie mécanique mais apprécié par le public. Au moins emploie t-il toujours les meilleurs picadors. Puis ce fût au tour de Roca Rey. Et c’est parti fort, avec encore des suerte de cape dont il a le secret puis une énorme entame de faena au centre avec des passes changées dans le dos. Le péruvien était déjà dans la prise de risque maximale. Après une magnifique deuxième série tout en douceur j’applaudissais déjà quand il a voulu rajouter une dernière passe. Erreur. Il avait encore gagné un tour de manège gratuit sur les cornes du toro, puis il tomba assez violemment par terre, restant de façon effrayante inanimé, allongé sur le sol quand le toro se retourna vers lui pour théoriquement venir l’achever. Là ce fût la panique générale dans l’arène. Tous les péons, les 1ers en action furent pathétiques dans leurs interventions. C’est là qu’El Juli a décidé de prendre les choses en main et heureusement. Bien qu’en pré retraite, il a sauvé du monde ce soir là par ses gestes et sa gestion de la crise. Et quand il a fallu aller immobiliser le toro en le tenant par la queue il y est allé. Chapeau maestro. Pendant ce temps là ses peons emmenaient Roca Rey à l’infirmerie tant bien que mal. Quand vous voyez ça en direct sans la télévision d’assez loin malgré tout vous ne savez pas si la corne est rentré. Je saurai plus tard que non et qu’il s’agissait juste d’un traumatisme crânien. A l’heure qu’il est Roca Rey est parti dans la clinique spécialisée des footballeurs américains à Miami pour des examens complémentaires. Le président reçu une énorme bronca: « Démission, Assassin! » car le public avait estimé que ce toro devait être changé. A vrai dire je n’ai toujours pas compris pourquoi. Certes, ce toro avait un comportement quelque peu bizarre mais pas de gros défaut apparent pour moi. C’est donc El Juli qui le tua. La soirée se transforma donc en mano a mano Juli - Lopez Simon. Et bien ça l’avait réveillé le Juli qui fit une excellente faena technique à son toro suivant. Lopez Simon quand à lui fit du Lopez Simon 2016. Pas désagréable mais pas transcendant comme en 2015. L’année passée en effet, c’est Lopez Simon qui avait explosé en prenant des risques insensés et ce même face aux élevages les plus durs. Il avait était secoué fortement et encorné plus d’une fois. On sent que cette année il a changé sa stratégie, capitalisant sur ses triomphes de l’an dernier en prenant un minimum de risque au risque, justement, de perdre son âme. Mais pas la première place de l’escalafon 2016.
Et je ne sais pas pourquoi je ne m’en étais pas rendu compte plus tôt mais le lendemain toréait l’homme dont j’étais tombé amoureux la semaine d’avant à Alméria: David Mora. J’essayais de rester une nuit supplémentaire à Palencia par tous les moyens! Impossible. Tous les hôtels étaient plein et l’hôte du super Airbnb que j’avais repéré était en Ecosse. J’étais condamné à quitter Palencia le jour où celle ci fêtait son saint: San Antolin. Inutile de vous préciser que la corrida du lendemain fût un triomphe. Quand à la corrida du surlendemain, on ne compte même plus les oreilles tellement il y en a eu, ainsi qu’un toro gracié. 
Ainsi va la vie de l’aficionado, faîtes d’immenses espoirs, petits bonheurs et grosses frustrations. 

Après mon retour en France par un passage à Burgos, je conclurai par cet aphorisme profond et vertigineux: une ville d'Espagne sans corrida, c'est comme un repas sans fromage.

dimanche 28 octobre 2012

Week of the Horse

Day 1
Sur une commande de Bob Gérard ( je ne pouvais pas refuser son offre de 1000€) voici donc le journal de ma semaine angeleno. Je m'excuse d'avance pour la totale futilité de ces propos.
D'entrée les choses sérieuses ont commencées. Roissy n'entendait pas se faire detronner de son titre de "pire aéroport au monde" comme ça. Complice: la RATP. Après un interminable voyage d'
une heure j'arrive au terminus de la ligne B du RER qui dessert mon terminal. Sur le quai pourtant, aucune indication pour un quelconque aéroport et sur les 4 escaliers qui remontent à la surface seulement 1 Escalator dans cette gare pourtant moderne... De plus il semble que pour la RATP Roissy soit une gare de TGV, ah bon? Je trouverai quand même la direction de mon terminal et après 15 minutes de marche (sic) j'arrive au comptoir American Airlines. Il y a 2 heure de queue! Pourtant ils l'avaient bien planqués!! Inutile de vous préciser que le réseau 3G est quasi inexistant. Roissy, miroir de la France d'aujourd'hui.
En route pour Chicago. Ils ont mis le plus gros duty free à l'embarquement des compagnies américaines ces malins de francais, on y trouve par exemple du vin à 29000€, oui vous avez bien lu. Bon, ok, c'est de la Romanée Conti mais quand même. Et d'ailleurs si je devais un jour acheté une bouteille de vin à 29000€ ça ne serait pas dans un que je le ferais! Je me contenterai donc d'une petite bouteille de Vittel à 2€80!
Ce vol AA41 est une grosse déception. J'ai l'impression d'être dans un bus. L'avion n'est pas de première jeunesse, il n'y a pas d'écran personnalisé... C 'est donc zéro film que je vais regarder pendant ce vol de 8h44! Les hôtesses sont moches et sont en pantalon. De plus, hormis la bière et le vin les alcools sont payants! Indigne d'un vol transatlantique. American Airlines est pire qu'Air France, la honte! Inutile de vous dire que je ne reprends plus cette compagnie pour traverser l'océan. En partant sur le tarmac à côté de nous j'ai regardais avec envie ce Boeing de Cathay pacific. J'ai imaginé ses hôtesses au physique de mannequin et aux jupes bien ajustées. Ses voyageurs nourrit de mets princiers, arrosés au champagne et leurs installations audiovisuelles dernier cri. Les asiatiques dominent bel et bien le monde.
Bon alors quand est il autour de moi?
Qu'est ce que m'a réservé le destin?? 3 passagers concentrent particulierement mon attention. Mon binôme, un américain dans les 45 ans, totalement dans son monde, alternant parties de mots flechés et vidions de les infiltrés ( a Martine Scorcizi pictcheure) sur sa tablette.
Ce vieux bourgeois bcbg 2 rangs devant moi qui lit le new york Times sérieusement depuis 2 heures mais qui vient quand même d'aller chercher sa 3ème bouteille de pinard! Il y a aussi cette blonde énigmatique et désirable à côté de moi de l'autre côté du rang qui m'a demandé mon magazine American Airlines version latino avec un drôle d'air... Elle en est à son deuxieme Canada Dry et je ne sais vraiment pas comment interpreter cette information! Elle doit être américaine mais elle a quand même un truc différent, notamment un joli foulard dans les cheveux et je suis assez sensible à ce genre de détail. Quand à moi j'ai préféré faire l'impasse sur le vin rouge (souvenir de brûlures d'estomac sur un Paris New York!). Je tourne donc à la bière. Et puis j'ai mon iPod magique, celui qui n'est chargé que de tubes, hymnes et autres chef d'œuvre, ce qui fait que je le mets en lecture alleatoire et je n'ai jamais à choisir ce que je vais écouter, en effet les chansons géniales s'enchaînent! À l'allumage c'est Si tu suis mon regard de Biolay qui est tombé. Je vous épargne les enchaînements c'est indécent. Et puis contrairement à tous ces ricains je n'arrive pas à dormir. Je m'envoie en l'air à 12000 et vous voudriez que je m'endorme?? Impossible!!! En tout cas je viens de comprendre pourquoi Steve Jobs a inventé l'ipad. Il a pris un long courrier American Airlines et il avait envie de se faire un film! Ils en ont tous un autour de moi et se matent des films, de là à interrompre les infiltrés pour se faire une partie de mots flechés...
Chicago. Ça n'aura pas duré longtemps mais j'ai pu prononcé cette phrase l'espace d'une heure:"je suis à Chicago!" Grâce à American Airlines j'ai eu droit à un 2ème contrôle sécurité et à Chicago ça veut dire quelque chose! Enlevage de chaussure obligatoire et encore j'ai eu de la chance d'avoir droit à un raccourci sinon j'aurais du faire des gestes bizarres passées au rayon X!
À l'immigration et à la douane par contre ils ne m'ont pas emmerdés malgré la diffusion d'un long clip particulièrement anxiogène pendant l'atterrissage à Chicago. En plus j'avais abandonné mon stylo à une fille en panique que j'ai évidemment perdu de vue craignant d'en avoir besoin par la suite... Un stylo hôtel Maisonave de Pampelune tout de même. Cette charmante brune au pantalon fushia doit donc penser à moi comme à un espagnol ce soir en manipulant mon stylo... Me voilà donc dans le vol de 4h20 pour Los Angeles d'une durée de 4h20. Je n'ai pas eu le temps de boire, je me sens totalement déshydraté. À bord les latinos sont en force!
Après avoir lu une interview d'anthologie de John Waters dans So Film (celui avec le nain en couverture) j'ai pu assister à un spectacle non moins anthologique: l'arrivée sur Los Angeles par le hublot. Entre chien et loup, d'est en ouest, la ville tentaculaire baignée de lumière rose d'où se détachait, presque irréelle la skyline et les collines. On pouvait imaginer le Hollywood sign. Au loin un autre avion en descente, les freeways étaient comme des serpents bicolores (phares/feux arrières rouges) s'étirant à perte de vue. À l'horizon le Pacifique, juste en dessous un hippodrome avec une pensée pour Bukowski. Touch, welcome in Los Angeles by night.
ATTITUD
Et pour 1er repas, déjà un des meilleurs hamburgers de la ville à prix modique.




Day 2
Je m'etais dit pour ce cour voyage que je ferai abstraction du Jetlag. Je dormirai la nuit et je serai éveillé la journée. Merde alors! J'ai quasiment pas fermé l'oeil de la nuit. Mon ventre et ma vessie ne comprenaient pas ce qui se passait, ils ne semblaient pas être au courant de mes nouvelles intentions.
Je suis hebergé dans un grand et beau appartement en plein cœur d

e Sofax, mid Wilsire, ambiance années 40, ambiance film noir. J'ai l'impression d'être dans un bungalow du château Marmont, c'est enivrant comme atmosphère.
En plus il fait beau et la température est de 30 degrés aujourd'hui. On pourrait d'ailleurs lister facilement les différences avec Paris: le ciel est bleu, le soleil brille, la température est supérieure à 25 degrés, les gens sourient, les commerçants sont accueillants et les automobilistes respectent le code de la route.
Aujourd'hui je fais le piéton, un acte subversif à L.A.! Je vais marcher sur ces fameuses plate bandes faites de plaques de bétons qui séparent les trottoirs en gazon des jardins des maisons. C'est d'ailleurs une particularité de Los Angeles. Je ne l'ai jamais vu ailleurs. Ça me permet aussi de reconnaître tout de suite un film ou une série tournée à L.A même quand comme Monk ce n'est pas censé s'y passer.
Bref, à un moment donné il a fallu que je traverse San Vicente Boulevard... Une putain d'avenue, large! J'arrive sur Fairfax et tombe sur ce pub dont on m'avait dit du bien. Il est midi ici, c'est à dire qu'il est 21h en France. Dans un somptueux pub irlandais des femmes se mettent en 4 pour me trouver France Espagne a la télé. Ça passe sur ESPN! Je commande une Guiness presque gené pensant que ce match sera inintéressant et que je ne resterai pas longtemps mais au fur et à mesure il s'avère passionnant. Me voilà donc à commander l'excellent menu du jour et une nouvelle pinte jusqu'à l'égalisation de la dernière seconde par Giroux. Impressionnant! Ça faisait drôle de voir ces crétins de joueurs français à l'autre bout du monde mais une fois n'est pas coutume, ils nous ont fait plaisir aujourd'hui.
je pouvais partir l'esprit fier au LACMA, le grand musée de la ville, du comté pour être précis. Certainement l'endroit le plus climatisé de la ville. Avec un Record de caille dans la salle des toiles qui m'intéressent le plus! Il y a pléthore de Picasso, le grand Matisse vert vu l'an dernier à l'expo des Stein et un beau Modigliani. Du lourd. Mais je n'ai pas vu le David Hockney que je cherche, Mulholland Drive, the Road to the studio, celui pour lequel j'étais spécialement venu. Après enquête je le débusque à l'étage de l'art américain. C'est ce qu'on appelle un chef d'œuvre. Œuvre foisonnante et pop aux couleurs exacerbées, à la dimension Guerniquesque on y retrouve Mulholland drive qui serpente, la valley, des grands poteaux électriques, la propre maison de Hockney et sa piscine, à la Hockney forcement, des terrains de tennis et les collines toutes en couleur. Merveilleux tableau.
P.S: je viens d'apprendre le surnom de Michael Mann à Hollywood: Michael Manniac!




Day 3
Aujourd'hui, journée Hollywood et raison officielle de mon voyage: le concert de Neil Young & Crazy Horse au Hollywood Bowl, ou comment réaliser plusieurs fantasmes en une fois! Le 1er c'est voir enfin le Crazy Horse sur scène que j'ai toujours raté et qui est certainement l'un des meilleurs groupes de rock de l'Histoire en live et le 2ème c'est d'assister à un concert dan

s cet amphithéâtre niché au cœur des collines d'Hollywood, là où ont joué tant de groupes mythiques par le passé comme les Doors et les Beatles par exemple. John Cassavetes y dirige aussi un orchestre dans un épisode de Colombo. Bref, cet endroit me fascine. En fait mon fantasme c'était de voir les Who au Hollywood Bowl mais avec la mort de Keith Moon ça a perdu de son intérêt. Ça sera donc le Horse avec son légendaire leader, Neil Young, accessoirement le plus grand rocker de l'Histoire, je n'hésite pas à le dire!
En attendant, me voilà donc à faire le touriste sur Hollywood Boulevard sous un soleil de plomb. Après le passage obligatoire à la librairie Larry Edmunds (ils ont quand même un livre de photos sur Dudley Moore) je trace directement chez Musso & Frank. Y a pas grand monde à 15h45. Je commande mon gimlet au bar, la boisson préférée de Philip Marlowe. Où sont les alcooliques je me demande, les écrivains américains qui se sont tous saoulés ici?? Je bois à leur santé! Après une petite virée parmi les pinzouts autour du Chinese theatre je passe chez Pig N Whistle me jeter une vodka red bull, pour combattre le jetlag évidemment! Le lieu est beau, historique mais sans âme. J'en profite donc pour essayer Boardner's juste à côté. C 'est fou mais je n'y étais jamais allé! Ils sont en mode Halloween. Il fait quasiment nuit à l'intérieur comme dans beaucoup de bars américains. Évidemment le vin que je commande, ils n'en ont plus! J'avais pourtant mis longtemps à le choisir grâce à l'aide d'un système de péréquation personnel incluant prix et qualité! LOL. Je vois sur le mur que c'est le jour du whisky. Ok, va pour ça je dis à la serveuse. En fait le truc c'est une bière et un shot de whisky pour 7$. Ok je dis. Ça s'enfile des doses surnaturelles de jaggermaister juste à côté de moi. Quand on pense qu'Orson Welles venait ici! Pas de doute qu'il entre, il repose à l'état de cendres dans la propriété d'Antonio Ordonez à Ronda.
6h00. Direction le Bowl comme on dit par ici. Et il y a déjà un monde fou qui afflue vers l'amphithéâtre. Les angelenos sont à l'heure au spectacle! Malgré des températures digne d'un mois d'août dans le sud de la France, la nuit tombe, nous sommes bel et bien le 17 octobre. Je vais récupérer mon ticket au will call (zéro queue, j'adore) puis je déambule dans l'enceinte du Bowl. Il y a plein de petites boutiques de bouffe et de bars mais attention, ici on pratique le prix sèchement sodomite. Tout coûte une fortune ce qui n'empêche pas qu'il y ai la queue partout! Je me prends quand même des gâteaux et une bière et je rejoins ma place. Malgré les 108$ de ma place je suis assez loin! Mais bon je suis dans l'axe central absolu, place n#1. La première partie est déjà finie et Los Bolos entrent sur scène, le moment idéal pour aller chercher un verre de vin! Quand je reviens, l'erreur de programmation de la soirée a déjà finie. Je peux admirer le cadre exceptionnel dans lequel je suis. L'amphithéâtre est gigantesque, 18000 personnes, et bourré à craquer. Derrière la scène hémisphérique les colines d'Hollywood se découpent parfaitement. J'imagine Mulholland drive serpenter juste au dessus. On voit aussi très bien le Hollywood sign sur la droite. Disons qu'on imagine car il fait maintenant nuit mais on imagine très bien. La scène est la même que dans Live Rust avec des faux amplis géants et un micro géant a l'ancienne. Une bonne demie douzaine de roadies déguisés en scientifiques mabouls avec leur blouses blanches s'agitent sur la scène. Et puis il y a eu le noir, on a écouté religieusement A day in the life des Beatles intégralement. Je sais ce qu'a voulu nous dire Neil: c'est la meilleure pop song de l'Histoire. L'enchaînement est pour le moins inattendu: alors que Neil Young vient d'entrer sur scène en compagnie du Crazy Horse ils nous balancent l'hymne américain avec la bannière étoilée en fond. Je rappelle que Neil Young est canadien! Tout le monde est debout y compris votre humble serviteur le bras tendu avec son verre de vin de rouge au bout!
L'etandart pirate flotte sur la batterie de ce vieux renard de Ralph Molina. Poncho, qui a pris un coup de vieux, arbore son sempiternel tee shirt d'Hendrix. Et Neil? Mais j'ai l'impression qu'il porte un tee shirt South Park!! Quand à Talbot, il est en chemise blanche as usual.
Ça a attaqué dans le dur direct, une petite chanson d'un quart d'heure pour se chauffer. Précision: la scène est tellement loin qu'on doit regarder les 4 grands écrans pour les détails et autre gros plans. Personne ne fume, il est interdit de fumer, et pourtant j'ai l'impression d'être immergé dans un perpétuel nuage de beuh... Et que croyez vous qu'il advint ô mes bien chers frères? Que croyez vous que Neil fit?? Et bien il enchaîna avec Powderfinger en 2, rien que ça! Un chef d'œuvre. Et puis le concert passa très vite enchaînant les longs morceaux très noise. Y a eu un petit break à l'heure de jeu avec Needle and damage done puis c'était reparti avec son monstrueux dernier single de 20 minutes Walk like a giant et puis on a eu Cinamon girl aussi annoncé par la meilleure vanne de la soirée:" it's à brand new song, I wrote it this morning!" C 'est un hymne Youngien depuis 40 ans! Ce qui est fou c'est que Neil a toujours la même voix malgré ses 65 balais. C'est impressionnant. À un moment ils ont attaqué Fuckin up. Voir en gros plan sur les écrans géants Poncho nous adresser des doigts d'honneur m'a totalement excité. J'ai dévalé les escaliers, un étage puis deux. J'avais bien gagné 50m! Mais au niveau des boxes (style loge à Roland Garros) le service de sécurité empêchait de passer malgré 3 tentatives pour prendre au dépourvu la vigile. J'étais donc là dans l'allée avec mes nouveaux amis, ceux qui savent que Neil Young est l'unique punk rocker de l'Histoire (avec Mark E Smith évidemment). Voir le Horse en formation serré comme ils savent si bien le faire quand ils se mettent à jouer en se regardant, en se touchant presque était un vrai bonheur. Ils ont joué Hey Hey My My puis un dernier rappel. 2 heures de concert qui sont passées trop vite. Mais Neil Young est toujours aussi impressionnant, sauvage, jeune, fougueux, électrique. Sonic Young! Il arrache tout, il est en train d'enterrer tout le monde. Ce mec ferait presque peur! C'est bien le Loner tant il est seul là haut sur les cimes, sans concurrence aucune.
WISDUMB


Day 4
C'est à 3h du matin, quand je me suis réveillé en nage (quel chaleur sur Los Angeles!) et à l'agonie que j'ai compris que tous les verres que j'avais bu la veille étaient alcoolisés! En même temps j'aurais du m'en douter et j'ai donc pris cette sage décision, là dans une chambre à Los Angeles à 3 h du mat, "j'arrête l'alcool!".
Le but de la journée c'était d'aller enfin au
 cimetière de Forest Lawn, là où ils ont mis Michael Jackson, pour aller voir toutes ces légendes hollywoodiennes. 

Le truc c'est qu'il y a 2 cimetières Forest Lawn! Avec des stars dans les 2. L'un est à Glendale, l'autre est dans les Hollywood hills. Nous voilà parti à Glendale. C'est absolument gigantesque comme endroit, on circule en voiture à l'intérieur. Ce sont des grandes pelouses vertes avec quelques arbres, que dis je des vallons, un manoir à l'anglaise, des églises, des statues et même un musée qu'on n'a jamais trouvé. On a quand même vu des trucs dans cet endroit où le touriste n'est pas le bienvenue et où prendre des photos est interdit. On a bien deviné où se cachait Michael Jackson. Et puis à l'intérieur du colombarium c'était les tombes de Elizabeth Taylor, Jean Harlow, "la blonde platine" et Irving Thalberg," le dernier nabab". Je ne me souviens plus des autres mais y a eu Spencer Tracy à un moment. Pas trouvé non plus Errol Flynn comme le musée absolument pas indiqué avec son expo Picasso Braque Léger! Ils avaient bien planqués Bogey aussi. 
Après un passage à Chipotle, l'excellente chaîne de bouffe mexicaine pour hipsters, pour ingurgiter d'excellents tacos direction Forest Lawn Hollywood. Fritz Lang ne m'échappera pas! Ça a été dur mais le maître Viennois est bien là au côté de sa femme Lily dans l'herbe verte. FRITZ LANG! Et puis tant qu'à rester dans les génies d'Hollywood voici Buster Keaton. Séquence émotion. J'ai aussi étoffé mon palmarès de tombes de star avec Bette Davis, Stan Laurel, Albert Broccoli... Quel paisibilite ces cimetières-parcs.
En partant nous longeons les studios Warner Bros et je pense alors que si Clint Eastwood travaille à son bureau de Malpaso aujourd'hui alors il est à 100m à vol d'oiseau de moi!

1EN SOI
Le soir c'était les 90 ans de l'Egyptian theatre sur Hollywood boulevard, ce cinéma des annees 20 en forme de temple égyptien qui accueille désormais l'American cinematheque. Pour l'occasion ils ont projetés le même film qu'il y a 90 ans: Robin des bois d'Allan Dwan avec Douglas "Jean Dujardin" Fairbanks! La Fox faisait même un reportage sur place avec une blonde surnaturelle. Anniversaire oblige des tas de gens sont venus parler avant le film, ça a été interminable. Mention spéciale à 2 intervenants dont un vieux critique de Los Angeles quasiment momifié, mi pathétique mi flamboyant. Le gars en question a commencé à parler dans son style inimitable avant de s'interrompre brutalement. J'ai sérieusement cru qu'il allait claquer devant nous. Vous savez quoi? Il avait avalé un pop corn de travers! Car il faut savoir que les cinéphiles américains qui vont voir des films muets à la cinémathèque se gavent aussi de pop corn et de coca. Après le type ne s'arrêta plus de raconter des anecdotes des temps ancestraux. Puis il y a eu une femme qui nous montra une paire de bottes, celles que portaient Fairbanks dans le film. Les bottes de Robin des bois quand même!! Applaudissements. Car ils applaudissent tout le temps les américains au cinéma même pendant le film. Il faut dire qu'à un moment Fairbanks a fait une descente de rideaux vertigineuse!
Day 5
Aujourd'hui j'ai pas envie de me faire chier, pas envie de conduire donc pas envie d'aller louer une voiture. Je pars donc à pied sous un soleil divin à Farmers' market. C'est là que Scully fait ses courses dans Body Double! C'est un endroit fort agréable où l'on peut manger et il y a un maul extérieur à la mode: the grove. Je me fais un plat de pâte au soleil, tranquille
. Ici on s'emmerde pas avec un plateau, les serveurs débarrassent les tables à l'aide de bacs!
Au rayon vin du supermarché, Coppola ne fait pas de la figuration. Il a monté un véritable empire vinicole qui lui permet de financer ses films. Du vin, des films, Sofia... Coppola est vraiment mon héros!
Mais la plus belle trouvaille de la journée je vais la faire au rayon magazine. Mob Candy ça s'appelle. C'est un magazine improbable sur les gangster italo-américains! Avec Tony Napoli en couverture! J'ai cru que c'était une parodie mais non ça a l'air très sérieux. On trouve également au sommaire des articles sur des types qui répondent aux doux noms de Chris "the greek" Panaghi ou Sammy "the bull" Gravano! Il y a aussi un papier sur le casse de la Lufthansa et sur le type qui a inspiré De Niro dans les affranchis. Vous imaginez un équivalent en France avec des articles sur Dede la sardine ou Frisco la belette?? J'ai embarqué le magazine direct!





Day 6
Je me suis enfin décidé à aller louer une voiture. évidemment ils ont pas pu s'empêcher de me donner une voiture énorme, un vrai paquebot ambulant, en l'occurrence une Honda Sonata. Mais quel plaisir de conduite là dedans. Je suis donc parti à l'assaut de Pacific coast highway, PCH pour les intimes, la route qui longe l'océan. C'est sans aucun doute ma route préférée au mo
nde. Un remède anti dépression absolu. Vous êtes sur cette route entre Pacifique et falaise, vous ne pouvez qu'être heureux! Même si le temps est nuageux aujourd'hui le bonheur est intact. Du bon son dans la platine et en route vers Malibu. Les surfeurs sont de sorti aujourd'hui, pas mal de Harley aussi. Apres une bonne dizaine de miles, je me trouve
un beach café pour déjeuner, sur une petite plage. Ça ne restera pas comme l'un des pires moments de l'année!
VALIBU
Je décide de rentrer par Sunset boulevard. Je traverse Pacific Pallissades, là où habitent Spielberg et Johnny, puis je coupe par Beverly Hills. Ville toujours aussi hallucinante et irréelle avec ses palais à perte de vue.
BLVD FAM
Le soir, c'est encore les 90 ans de l'Egyptian Theatre, mais attention, là c'est la grosse soirée. Ils ont fait ce que nous ne savons plus faire en France. Un bal masqué "Égypte-années 20"! Avec buffet (même si j'ai mangé chez Micelli's avant), plusieurs bars sponsorisés par Chivas et Musso. Il y a aussi tout un tas d'animation ainsi que des tables de jeux façon speakeasy et un orchestre vintage. Il y a aussi eu une projection de vieux films dans la salle, comme un très curieux documentaire auto promo sur Thomas Ince (excellent) et un chef d'œuvre de Buster Keaton que je n'avais jamais vu: Cops. Apres le passage d'un magicien qui fit sortir une splendide blonde vénitienne d'une boite (sic) on enchaina avec un doc d'époque sur la Paramount. C'est toujours un plaisir de voir ce puritain sadomaso de Cecil B De Mille avec ses bottes de cuir en plein tournage! Toute cette party était installée dans la salle, le lobby et la longue cour qui donne sur Hollywood boulevard. Il faut comprendre qu'il y avait 200 personnes costumés façon années 20 dont des tas de Cleopatre. Le meilleur costume de la soirée c'était une fille qui s'était ficelée a des rails factices, genre je suis attachée a la voie ferrée et le train va me passer dessus! C'était un spectacle fascinant pour les yeux parceque c'était pas des costumes à 2 balles. Certaines filles étaient à tomber. J'aurais bien voulu être le photographe officiel de la soirée. À la place j'ai pris des photos mentales, plein!





Day 7
ZTOICHI
Au programme aujourd'hui, Mulholland drive, mon autre route préférée au monde. Je l'ai fait à ma façon, comme j'aime. Je prends la 405 jusqu'à la sortie Mulholland Dr et là le festival peut commencer. La route serpente sur la crête des collines qui séparent Hollywood de la Valley, ce grand quartier résidentiel de Los Angeles qui s'étend à l'infini. On ne sait plus 
où donner de la tête! Dommage que j'ai un léger torticolis. Ce qui me frappe c'est à quel point la route est défoncée!
1er check: le portail de Jack Nicholson avec sa belle allée de roseaux, mais on ne voit pas la maison ni son fameux jacuzzi cher à Polanski. Il y aussi celle de Brando dans le lot. Quelques miles plus loin je tourne à droite sur Torreyson en quête de la Chemosphere House, la maison hallucinante de Body Double maintenant propriété de Benedikt Taschen, notre éditeur allemand préféré, pour la modique somme de $1000000. En même temps vu la baraque c'est pas très cher. J'avais oublié comment ça grimpait sévère dans le quartier. Au moment où je ne crois plus retrouver la maison, elle apparaît soudain devant moi derrière les arbres! C'est fou qu'une baraque comme ça puisse exister! Chemosphere house by John Lautner. Je repars sur Mulholland qui oscille toujours entre jungle et maisons de millionaires, vu incroyable à gauche sur la Valley, vu incroyable à droite sur west LA. Ma troisième étape se trouve sur Outpost, quartier général de David Lynch. Dans une petite rue hyper sinueuse se trouve un ensemble de 3 maisons que j'adore. La maison grise moderne (Dick Laurent is dead) qui sert de décors à Lost Highway, une autre maison grise qui doit lui servir de bureaux et en bas dans le virage, l'une des plus belles maisons de Los Angeles: la Beverly Johnson House de Lloyd Wright (le fils de Frank). Parallélépipède rose avec des frises à motif maya vertes. Et aucune fenêtre sur rue. Devant le garage, un cube est garé. C'est là qu'habite le maître à l'épaisse mèche de cheveux blanche! Dernière étape, le belvédère pour admirer la vue sur la skyline de LA avec le Hollywood Bowl au 1er plan. La meilleure vue sur LA, c'est ici!





Day 8
La journée avait bien commencé avec une apparition surréaliste de Miles Davis dans Miami Vice sur le câble suivi d' un petit dej très américain chez Nick's, un lieu que Starsky et Hutch n'auraient pas reniés! Scrumbl eggs, hasch potatoes , toasts et un truc qui ressemblait à du jambon. Et puis le cauchemar pour aller prendre mon avion a commencé.
VDKASNB
Un bouchon comme 
on n'en fait plus sur Venice boulevard, interminable, il faut dire qu'ils avaient coupé la route. Bref j'ai vraiment cru que j'allais rater mon avion pour Dallas d'autant plus que le terminal de ces crétins d'American Airlines était le dernier ainsi que ma porte d'embarquement sans parler du détournement sur un long couloir externe pour les contrôles de sécurité! Aussi incroyable que cela puisse paraître je suis monté dans cette avion! Et j'ai encore eu droit au spectacle magique du survol de LA, côté Pacifique ce coup ci.
J'ai aussi compris pourquoi les américains croient aux extra terrestres hormis le fait qu'ils soient timbrés. Leurs plaines sont recouvertes de formes géométriques hallucinantes et mystérieuses. C'est très graphique vu d'en haut. Y a beaucoup de cercles aussi. Mais qu'est ce donc je me demande?
Et ce qui devait arriver arriva, je me suis retrouvé à Dallas pendant 1 heure pour ma correspondance pour Paris. Oui, vous avez bien lu, Dallas au Texas. Je suis au Texas. Des sensations pures! J'ai hâte qu'on me pose la question cette semaine:
_t'as fait quoi lundi?
_ben, j'étais au Texas, à Dallas
_à Dallas au Tegzasse??
_ouais au Tegzasse, au TEGZASSE!!
À propos, ils ont un gigantesque aéroport très bien organisé.
R.A.S. sur le vol retour pour Paris.
Je viens de me rendre compte que si on traduit en français le titre de cette chronique cela donne "La semaine du cheval"!! On va garder le titre en anglais alors.
P.S.: Si un jour j'ai du pognon et une voiture aux États Unis j'ai pensé à ça comme plaque d'immatriculation:
BODYDBL

dimanche 2 septembre 2012

"Les 10 meilleurs films de tous les temps"

Comme tous les dix ans depuis 1952 la revue anglaise du British Film Institute, Sight and Sound, publie la liste des meilleurs films de tous les temps établie par un large panel international de critiques et autres historiens du cinéma. La grosse affaire dans le dernier classement qui vient de tomber cet été (dont voici le lien: http://explore.bfi.org.uk/sightandsoundpolls/2012) c'est que Vertigo (Sueurs Froides, Alfred Hitchcock) a pris la première place aux dépens de Citizen Kane qui squattait la place depuis 1962!
Tout ça est évidemment totalement futile et subjectif et ça me rappelle l'excellent petit essai de Tanguy Viel "Hitchcock par exemple" qui contait dans un style drôle l'impossibilité de pondre une telle liste... http://www.decitre.fr/livres/hitchcock-par-exemple-9782350212128.html
A ce propos je pense que Sight and Sound a oublié de me demander ma liste alors la voilà en exclusivité, la liste de mes 10 films préférés tous les temps, rien que ça!

1- LA MORT AUX TROUSSES Alfred Hitchcock


2- SUEURS FROIDES Alfred Hitchcock


3- LE GRAND SOMMEIL Howard Hawks


4- LE PARRAIN & LE PARRAIN 2ème partie Francis Ford Coppola


5- LE TIGRE DU BENGALE Fritz Lang


6- 2001, L'ODYSSEE DE L'ESPACE Stanley Kubrick


7- PIERROT LE FOU Jean-Luc Godard


8- APOCALYPSE NOW Francis Ford Coppola


9- BLOW UP Michelangelo Antonioni


10- IL ETAIT UNE FOIS EN AMERIQUE Sergio Leone




samedi 28 janvier 2012

1998, une année exceptionnelle pour le cinéma américain

1998, si la France gagne la coupe du monde de foot cette année là, les américains emportent la mise haut la main dans la discipline cinématographique. En effet, sont sortis en France entre le 1er janvier et le 31 décembre 1998 dix films de trés haut niveau venu d'outre Atlantique. Une année quasi miraculeuse pour le cinéma américain. Les voici dans l'ordre de ma préférence:

1-SNAKE EYES Brian de Palma
A partir d'un scénario de thriller classique De Palma réussi un film d'une intelligence et d'une virtuosité quasi insolente en y intégrant tous ses ingrédients personnels. Un vrai film d'auteur, le dernier grand film de De Palma. Le dernier plan est un chef d'oeuvre à lui tout seul.

2-JACKIE BROWN Quentin Tarantino
Pour son 3éme long métrage Tarantino adapte un roman pour la seule fois de sa carrière et surprend. Son film dresse le portrait psychologique incroyablement dense et profond de deux personnages d'âge murs. Pam Grier et Robert Forster sont immenses. Le chef d'oeuvre de Tarantino. A noter que la bande originale du film est un miracle, Tarantino est aussi un grand DJ!

3-MINUIT DANS LE JARDIN DU BIEN ET DU MAL Clint Eastwood
Clint Eastwood est certainement le plus grand cinéaste des années 90 où il enchaine les grands films. En 1998, Clint n'est toujours pas essoufflé avec ce film qui nous plonge dans la moiteur de Savannah, Georgie, pendant deux heures et demi brassant une multitude de thèmes et de personnages loufoques, originaux, passionnants. C'est quasiment un remake de Twin Peaks, version south, à la sauce vaudou. Une maitrise de mise en scène assez epoustouflante. Du grand Clint Eastwood (il a bien baissé depuis).

4-THE BIG LEBOWSKI Joel & Ethan Coen
Les frères Coen revisitent Raymond Chandler en ayant une idée de génie, remplacer Marlowe par un loser et sa bande de parasites! Idée subversive quand on y pense pour un film américain. En plus c'est un beau film sur Los Angeles; le Vietnam et l'Irak sont de la partie et c'est l'un des films les plus drôles de ces dernières années. Absolument génial.

5-MARY A TOUT PRIX Bobby & Peter Farelly
Les frères Farelly réalisent le chef d'oeuvre de la comédie américaine burlesque contemporaine mais aussi un très beau mélodrame sur les amours de jeunesse, avec en prime Jonathan Richman qui vient jouer ses chansons dans le film! Que demander de plus? Les Farelly ne retrouveront ces sommets qu'avec "Deux en un" passé beaucoup plus inaperçu que ce film culte.

6-TITANIC James Cameron
Le magnifique mélodrame morbide de James Cameron. En effet, le plus grand succès de toute l'Histoire du cinéma est un film jonché de cadavres!

7-SMALL SOLDIERS Joe Dante
Le dernier grand film de cinéma de mon chouchou Joe Dante. Devant une telle charge contre l'Amérique consumériste et guerrière on comprend qu'il ait été mis au ban d'Hollywood depuis!

8-VELVET GOLDMINE Todd Haynes
L'excellent Todd Haynes nous livrait une création dont il a le secret, variation sur 2 ersatz d' Iggy et Bowie en pleine période glam traité à la manière de Citizen Kane. J'adore ce réalisateur!

9-STARSHIP TROOPERS Paul Verhoeven
Alors qu'on traitait stupidement son film de "nazi" à sa sortie, Paul Verhoeven avait tout compris et annonçait les croisades à venir de Bush et Cheney. L'Amérique prend encore très cher comme toujours avec le cinéaste hollandais.

10-HARRY DANS TOUS SES ETATS Woody Allen
Le dernier grand film new yorkais de Woody? A vrai dire on ne sait plus trop tellement Allen enchaine les films mais en tout cas je me souviens que c'était du tout bon, la preuve:

samedi 21 mai 2011

Roman, l'autre Coppola


Francis Ford Coppola et sa femme Eleanor ont eu 3 enfants: Sofia, la surdouée qu'on ne présente plus; Gio le fils ainé mort dans un accident de bateau à 22 ans et Roman, celui qui vit dans l'ombre de son père, de sa petite soeur et de ses cousins acteurs (Nicolas Cage évidemment et Jason Schwartzman maintenant). Et pourtant, voilà quelqu'un qui ne cesse de m'intéresser depuis (je suis quand même historien de la famille Coppola!) une bonne dizaine d'années maintenant: le modeste mais aussi très talentueux Roman Coppola. Il a su se mettre au service de la famille au début de sa carrière, grimpant les échelons patiemment: réalisateur de seconde équipe sur les films de son père puis de sa soeur. Réalisateur accompli de publicités, de clips, d'un long métrage réussi, scénariste de Wes Anderson et maintenant producteur. Il monte en puissance et il était temps que je lui rende un petit hommage à la hauteur de son talent. Je le considère quand même comme l'un des meilleurs réalisateurs de clip au monde! Et puis il a du style, les gènes italiens sont bien là alliés à l'hyper créativité californienne pour faire de lui un type qui impose désormais le respect. C'est en son honneur que sa soeur Sofia a prénommée sa fille Romy.

Roman Coppola a réalisé le meilleur clip du monde pour un groupe français, Phoenix. Oeuvre coppolissime où Roman s'approprie la commande et ne peux s'empêcher, à l'instar de son père et de sa soeur, de faire oeuvre autobiographique. Le clip de Funky Squaredance fait partie de la collection permanente du MoMA de New York.

En 2001 Roman réalise son unique long métrage, CQ, qui se passe à Paris dans les années 60. Pop et charmant.

Roman Coppola est francophile. Il est né à Neuilly, son beau frère est français et il semble avoir pas mal d'amis dans la ville lumière.

Quelques clips remarquables de Roman Coppola:



Réalisé avec son ex beau frère Spike Jonze:



samedi 12 février 2011

Eloge de Tom Cruise (3/3) le mal aimé

Frasques et pétages de plomb en direct à la télévision, prosélytisme, âge, essoufflement de la franchise Mission Impossible, changement générationel du public conduisent celui-ci à se détourner de Cruise, à douter de lui. En bref Tom Cruise n'a plus la cotte, il est sur la voix du déclin. Il va désormais tout faire pour redorer son image et se faire aimer à nouveau en montrant que ce n'est pas un obscur maboul appartenant à une secte mais un mec cool!
En temps que producteur il a encore le culot d'aller chercher un metteur en scène original pour le troisième épisode de Mission impossible, en la personne du petit génie de la télévision, créateur de Lost et Alias: JJ Abrams, qui n'avait jamais réalisé de film. Le risque s'avère une nouvelle fois payant. MI3 est un excellent film d'action pure mais ce sera un échec au box office qui conduira le big boss de la Paramount à se séparer de Cruise. Il n'est plus la plus grande star du monde en ces années 2000.
Mon 1er voyage en Californie au printemps 2006 a coïncidé avec la première hollywoodienne du film au Chinese theatre à 50m de mon hôtel. Je ne pouvais donc pas rater cet événement et voici le petit film que j'avais fait à l'époque. Où l'on se rend compte du professionnalisme de Cruise avec ses fans et du sacrifice qu'il impose à sa femme Katie Holmes deux semaines après son accouchement et je me souviens qu'ils sont restés deux heures dehors ce soir là alors qu' une brise très fraîche soufflait sur Hollywood boulevard! Il y avait aussi pas mal d'acteurs scientologues et Sumner Redstone, le patron de Viacom propriétaire de Paramount qui pése selon Forbes plusieurs milliards de dollars et qui virera Cruise avec fracas quelques semaines plus tard!

Tom toujours positif malgré ce coup dur, qui est aussi une humiliation, et son associée de toujours, Paula Wagner, vont avoir la belle idée de raviver le mythique studio fondé par Chaplin, Griffith, Faibanks et Pickford et depuis tombé en faillite: United Artists. Alors qu'il est au plus bas Cruise a le cran d'aller interpreter un nazi en Allemagne dans Walkyrie sous la direction du réal d'Usual Suspect, Bryan Singer. Je n'ai pas vu le film.
Pour redorer son blason auprès de la jeunesse il va jouer un second rôle de producteur dans la grosse comédie d'action déjantée de Ben Stiller: Tonnerre sous les tropiques. Cruise est génial dans cette parodie d'un producteur hollywoodien qui ressemble à Harvey Wenstein. Il est unanimement encensé pour ce rôle qu'il reprendra pour MTV.


Son dernier film en date sorti l'été dernier, Night & day, est un film d'action-aventure parodique, efficace et jouissif où Tom excelle dans l'auto parodie du héros de film d'action qu'il a pu être dans Mission impossible. Que je sache je ne vois pas ses collègues de films d'action en faire autant et celui ci est particulièrement délirant. Où les fêtes de Pampelune ont lieu à Séville et où l'encierro se termine dans la Real Maestranza, avec Tom Cruise en prime: Vive Hollywood!


Quel avenir pour Tom Cruise? Des grosses productions de "qualité" pour sa société United Artists ou d'autres recréations parodiques pour reconquérir un public perdu et plus jeune? Je n'en sais rien mais les deux projets dont j'ai eu vent sont très alléchants et confirme tout le bien que je pense de lui. Il tourne actuellement Mission impossible 4 à qui il a confié la réalisation à un metteur en scène de... films d'animation! Brad Bird, le réalisateur de Ratatouille. Quelle folie! Et puis on a parlé de The Matarese circle sous la direction de l'immense David Cronenberg, le dernier grand cinéaste anglo saxon vivant avec qui il n'a pas encore tourné!
Vous l'aurez compris, cet acteur me fascine.