mercredi 10 décembre 2008

L'astre Morante


Alors que notre pays est plongé dans une grisaille qui semble sans fin (quelqu'un a-t-il vu le soleil récemment?) où régnent le froid, la pluie, le vent et la nuit, j'essaie de me rememorer quelques souvenirs ensoleillés de chaudes contrées du sud.

Ne vous ai je pas parlé du sieur Jose Antonio Morante de la Puebla, matador de toros de son etat?

Morante (c'est comme ça qu'on l'appelle), ça faisait quelques années que j'en entendais parler. J'avais lu les eloges de Jacques Durand dans Libération et de Zocato dans Sud Ouest mais j'étais alors aveuglé par mon amour pour José Tomas et n'avais jamais donc fait l'effort d'aller vers lui. C'est l'an dernier quand j'ai lu qu'il arrêtait de toréer pour cause de depression que j'ai pris peur. J'avais sans doute raté l'un des grands toreros de ma génération. 

Et puis j'avais atteint le point paroxistique de mon amour pour José Tomas à Nîmes l'an dernier avec cette 1ére faena sensationnelle, quasi mystique, dans un silence presque irréel. J'en avais fait le tour avec Tomas.

C'était donc décidé, si Morante revenait fouler les ruedos je ferai tout pour aller le voir!

Comme Morante est un homme génial sa dépression n'a pas durée longtemps. Il est revenu cette année pour ce qui est sans doute sa meilleure saison. Il était à Nîmes le 20 septembre au matin. J'y étais aussi. Je l'ai vu. Malheureusement trop de vent ce matin là l'empecha de s'exprimer tauromachiquement mais là n'est finalement pas l'essentiel avec Morante. Didier m'avait prêté ses jumelles et j'ai pu observer, pardon admirer, le maestro andalou au plus prés. Vraie colleta, sa mèche de cheveux qui l'identifie comme matador est naturelle (il est le seul), crinière d'un noir de jais, costume "vintage", tous les gestes qu'il accompli sont marqués du sceaux d'"el arte"! Une caresse dans le cou d'une belle femme qui passe dans le callejon, une gorgé dans sa timbale d'argent, il allume soudain un "puro" pendant que ses "collègues" luttent en piste... Il est le dernier dandy.

Sa tauromachie faite de gestes "à l'ancienne" est d'une profondeur insondable. Une véronique et une naturelle suffiront à notre bonheur pour la journée. Le reste n'a que peu d'importance.

Dans la video suivante on retrouve Morante à Bilbao, une plaza où le toro est roi et le touriste malvenue. On ne l'imagine pas briller dans une arene aussi dure avec sa tauromachie esthetique mais il a pris une telle dimension cette année que la leçon de domination qu'il va donner à ce toro sur la piste charbonneuse de Vista Alegre est l'une de plus belles faenas de l'année.

Que neni la force de son adversaire il va imposer son toreo de charme aprés une entame monstrueuse. Frissons garanties. Retransmis en direct, les commentateurs espagnols ne s'y trompent d'ailleurs pas en laissant aller leurs sentiments. Oui, l'homme qui parle aussi vite qu'une mobilette et l'homme qui fume 3 paquets de gitane mais par jour depuis qu'il a 12 ans apprécient!

Moi aussi.

Viva Morante!


1 commentaire:

balder a dit…

Oui j'apprécie aussi et avec en plus avec un toro vif et vivant j'espère en voir de la même veine l'an prochain....